mercredi 19 octobre 2016

Jean Dujardin : L’interview Brice de Nice

Brice 3 sort aujourd’hui au cinéma, avant de se replonger dans ses aventures, découvre vite les confidences de Jean Dujardin…

Onze ans après, Brice revient, qu’est ce qui a changé dans ce personnage ?
L’idée était justement qu’il ne change pas, c’est moi qui ai changé, avec mon corps de 44 ans. Brice continue de vivre en circuit fermé, dans sa bulle jaune, avec son envie de vague, son envie de « casse-contre-casse » et sa vie très codifiée. La plupart du temps, ce sont les évènements qui l’obligent à bouger. D’ailleurs, il ne changera jamais, si je le retrouve dans dix ans – car je n’exclue pas de retrouver Brice dans la cinquantaine - je pense qu’on pourra se poser la même question. Au fond, je crois que je n’ai pas envie qu’il change.

Est-il devenu plus touchant ?
Le film s’ouvre à Nice, où l’on retrouve Brice seul, avec son poisson rouge, dans sa petite cabane, sur une plage où il est à peine toléré. On voit d’emblée qu’il s’est marginalisé, ce qui le rend évidemment plus touchant et plus désespéré également… Or, ce qui m’amuse, c’est que malgré cela, il continue à dire « je t’ai cassé ». Il faut revenir à la genèse du personnage. Il a vraiment existé : il est inspiré d’un garçon blond, qui s’appelait Brice, qui était en terminale avec moi et s’amusait à casser tout le monde. Il ne disait pas « je t’ai cassé », mais il riait de ses propres vannes. C’était déjà ridicule il y a 11 ans, alors à mon âge, cela devient vraiment pathétique. Brice n’est pas un mec très drôle. Ce qui m’intéresse, c’est son œil vide et les gens qui le regardent, incapables de comprendre ce type qui ne pense qu’à lui et qui pose des questions absurdes comme : « Je pourrais avoir une statue de moi dans Nice ? », des questions d’enfant.

Qu’est-ce que tu aimes par-dessus tout dans ce personnage ?
M’autoriser à le vivre ! Ce qui m’intéresse c’est ouvrir la valise du clown, mettre un T-shirt jaune, et même si on me dit que je suis un peu vieux pour ça, ce n’est pas grave. Enfiler ce pantalon ridicule, cette fausse dent de requin - qui est, en fait, une petite corne de chèvre - ces cheveux longs… Le premier spectateur du film c’est moi. C’est comme une panoplie d’enfant qu’on reçoit à Noel.  Quand je l’enfile, je sais que je vais faire des facéties, que je vais jouer à jouer, davantage qu’incarner, car on n’incarne pas un personnage qui n’existe pas. Il est à la fois flamboyant et minable. Avec lui, je peux à la fois frôler la caricature et être vraiment dans l’émotion. Brice, c’est la quintessence même de mon métier : s’amuser.

Existe-t-il des limites au personnage de Brice, quand tu écris ?
Nous fixons des limites à la grossièreté. S’il y en a, parfois, c’est que nous l’avons jugée indispensable, pour nourrir des personnages méchants ou vulgaires. Par ailleurs, on n’oppose aucune limite à l’absurde. Dès que l’on se met à imaginer des autocollants de nombril, alors tout devient possible, on se marre, on imagine que peut-être, dans la vie, il y a des gens qui ont des autocollants de sourcils, des autocollants de narines, et ça part dans tous les sens ! On essaie surtout de ne pas trop décaler les gens autour de Brice, comme la personne de l’aéroport ou le type de la mairie. Brice est tellement hors norme qu’il est inutile de décaler tout le monde, sinon cela devient indigeste et on ne croit plus à rien. Ce sont nos seules limites.

Brice n’a toujours pas de femme ?
Non, pas de femme, pas d’histoire d’amour, Brice est totalement asexué. Les femmes, ça ne colle pas avec ce personnage. On a essayé, on en a parlé environ 27 minutes sur les 8 mois d’écriture, mais il n’y avait pas de place pour une histoire d’amour. Et puis, les histoires d’amour, il y en a partout au cinéma et dans la littérature, alors, on ne va pas en mettre dans Brice, il existe d’autres films pour ça.

> Brice 3, un film de James Huth avec Jean Dujardin, Clovis Cornillac, Bruno Salomone, le 19 octobre au cinéma. (c) photo Christine Tamalet - 2015 Mandarin Production - JD Prod - Gaumont

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